
Secrets d’écrivaine : 5 questions à Céline Estelle, auteure de L’Été Gigi, avant le Salon du Livre 2025 de Vichy
Céline Estelle écrit depuis son jeune âge. Avant d’éditer ses trois derniers livres, objets de son actuelle attention, elle a écrit une quinzaine d’ouvrages publiés en collectif et chez des maisons indépendantes.
Des romans, des guides de bien-être, mais aussi des publications techniques. La thérapeute a prêté sa plume à des magazines culturels et à des journaux familiers des Français, Suisses et Canadiens.
Douze années trépidantes en tant que reporter ! Aujourd’hui, avec L’Été Gigi, édité chez Chloé des Lys, elle navigue entre psychologie de l’adolescence et compréhension d’un modèle différent de l’amour.
Un style atypique, baigné d’introspection et d’une forme de magie, qui plaît aux lecteurs en quête de guérison intérieure.
Bonjour Céline. Être écrivaine, c’est votre métier ? C’est un métier ?
Bien que thérapeute et à mon compte depuis 1999 dans la communication relationnelle et le coaching (j’accompagne des particuliers, mais aussi des artistes installés ou en devenir), oui, on peut dire qu’être écrivaine est un métier à « presque plein temps ».
On peut distinguer deux types d’écrivains : ceux qui sont très méthodiques et laborieux, et qui conçoivent leur livre comme un parcours dont l’écriture est le moyen d’expression ; et ceux, comme moi, qui sont extrêmement intuitifs et pour qui les histoires et les mots tombent du ciel.
Ce n’est pas l’inspiration, mais une connexion concrète d’une personne sensible à un monde subtil qui a à partager et à offrir. Nos émotions, ce bagage immense, sont alors associés à un besoin de créer profond et incontournable.
Je ne peux vivre sans créer et, lorsque je commence à écrire un livre, même si j’ai une idée du début, je ne connais jamais la fin ! J’accouche de mes personnages sur le papier, je m’y attache, j’apprends à les connaître et — peu à peu — je complète leur philosophie de la vie et leur psychologie profonde. Un personnage n’est pas juste blond, brun, sympa ou méchant.
Il n’est pas une description physique ! Il est la véritable métaphore filée de son âme et de son bagage émotionnel tout au long du livre et jusqu’aux derniers mots ! À ce stade, tout coule de source, mais je suis une créatrice très confiante, très inspirée, même si parfois l’écriture est douloureuse pour moi : je vis totalement les failles et les mésaventures de mes héros !
Je les accompagne comme mes coachés ! C’est particulièrement vrai pour Gigi, lorsqu’elle dévoile sa véritable fragilité dans la scène de la maison abandonnée. Pour moi, oui, l’écriture, c’est un métier au même titre que le journalisme ou la rédaction professionnelle que j’ai pratiqués pendant douze ans.
C’est de là que venaient, durant cette période, tous mes revenus ! Je peux donc dire que je suis totalement dépendante de mon stylo dans bien des cas !
Je possède un site de sophrologue avec un blog que j’anime chaque semaine de ma plume, ainsi qu’un site d’écrivaine où vous retrouvez régulièrement de nouveaux textes. J’ai repris le blog anglophone de parentalité AceParents.com il y a trois ans. J’y publie une à deux fois par semaine, selon mon inspiration du moment.
À côté de cela, je suis, depuis une dizaine d’années, sociétaire de la SACEM en tant que parolière et compositrice. On peut dire que l’écriture — qu’elle soit romanesque, technique ou musicale — est mon métier, en plus de mes attributions de thérapeute. Je suis aussi art-thérapeute et je propose des ateliers d’écriture à Vichy. Chez moi, les arts sont toujours très proches et liés. Mais c’est ma personnalité depuis toute petite !
Je travaille par cycles d’un mois : écriture, musique, dessin, sculpture. J’ai un mental très fort qui me permet de ne jamais céder ce que je perçois comme « ma place » dans la société. Nous vivons dans un monde où l’autre n’est pas forcément bienveillant, et en France, il y a beaucoup de jalousies, surtout dans le milieu artistique.
Je le vois à mon cabinet : l’auteur auto-édité envie celui qui est édité dans une maison à compte d’éditeur ; l’artiste qui n’expose pas envie celui qui expose ; même les cursus sont comparés.
C’est très différent aux USA, où il y a moins de sécurité de l’emploi : cela permet à chacun de se concentrer sur ses propres affaires, car c’est vital ! Pas de travail, pas d’argent, donc beaucoup moins de temps pour observer ce qui se passe chez l’autre ! Donc disons que, oui, pour durer, il faut rester focus sur ses objectifs sans accorder trop d’attention aux autres.
C’est ce que j’apprends à mes clients en coaching : ne jamais se comparer, ne pas comparer son style, son écriture à ceux des autres auteurs. C’est la meilleure façon de perdre son âme. J’écris et je suis exposée depuis 2003. Je suis à la SACEM depuis une quinzaine d’années. Pour moi, le secret, c’est vraiment : la concentration et tracer son chemin sans se retourner !
Comment écrivez-vous vos livres ?
Je suis très isolée, en fait, dans mes projets artistiques. Je ne parle pas de mes livres à mes proches ou amis. C’est l’une des raisons pour lesquelles je les concrétise à 95 % ! Mes projets de livres sont classés dans mon esprit.
Il y a eu L’Été Gigi, et j’effectue actuellement sa promo, puis il y aura Les Fractales, déjà déposé et à venir, puis Madame Olga et le Serment de Soie (titre provisoire, livre presque achevé), puis un livre lié à une histoire familiale que je ressens le besoin d’écrire, puis un suivant dont l’action se déroulera en Picardie.
Ma mission est de donner vie à ces histoires qui sont ancrées en moi, puis de les faire connaître. L’histoire vit en moi tant qu’elle n’est pas écrite et me dérange : elle est présente dans ma vie, comme un membre supplémentaire mais indésiré de la famille. Tant qu’elle n’est pas finalisée, elle semble me hanter !
Mais c’est pareil avec mes tableaux ou mes chansons. Une chanson composée mais non encore arrangée et enregistrée s’impose à moi encore et encore ! Elle veut voler de ses propres ailes ! C’est pareil avec mes livres ! Dans cette vie, je suis connue pour être extrêmement imaginative et créative. J’écris, j’expose mes tableaux et sculptures, je produis des chansons… C’est le même élan créatif qui m’anime : la passion de créer avant tout !
La normalité, le conventionnel ne m’intéressent pas du tout. Je suis différente naturellement sans rechercher la singularité. D’ailleurs je trouve assez ridicule les gens qui cherchent à dénoter lorsque ce n’est pas naturel et c’est pareil dans le process d’écriture. Etre Soi, qu’on soit atypique ou conventionnel mais ne jamais chercher à être une « image » qu’on a dans la tête… Car ce serait la perte d’identité pure.
Votre routine d’écriture ?
J’écris souvent le matin, lorsque je ne travaille pas à mon cabinet ou que je n’interviens pas en entreprise (où je donne aussi des cours de communication et d’écriture). Mais il peut m’arriver de partir une semaine ailleurs, toute seule, pour avancer sur mon livre.
Il y a presque trois ans, je suis partie dans le Grand Ouest américain pour poser le plan de Voyage en Self-Love et glaner des témoignages de guérison intérieure chez les Navajos et dans l’Utah. J’étais épuisée par la longueur de la Route 66 (rires) mais j’écrivais à chaque pause, à chaque étape.
Je suis partie à Lanzarote pour poser les bases des Fractales. Dès que j’ai vu les volcans j’ai compris que la magie allait opérer ! J’ai besoin que tout soit minimaliste et rangé autour de moi. J’ai besoin d’espace pour écrire. Et de m’hydrater. Je bois toujours (du thé, je vous rassure) quand j’écris.
Ensuite, j’ai besoin de sortir, de marcher, d’aller dans la nature, de parler aux gens, d’écouter leurs vécus.
Que conseilleriez-vous à un écrivain débutant ?
Énormément de proches, de ma famille mais aussi parmi mes amis et clients, se sont mis à écrire lorsque mon premier livre a été édité en 2003. Certains voudraient faire mais n’osent pas alors ils prennent exemple.
C’est bon et mauvais à la fois car chacun est différent. Une routine mentale, une posture de l’esprit est rarement « copiable / collable » ! Je peste quand on me copie, je déteste ça ! Alors mon mari me dit que je suis une « muse » (rires) et que je devrais en être fière !
Beaucoup ont besoin de passer par la phase de mimétisme pour créer des œuvres qui leur soient, loin dans le temps, propres. Je comprends ça. Beaucoup de mes clients et de mes étudiants etc. me demandent des conseils. « Comment faire comme vous ? ».
Comme je suis ultra-créative presque « de naissance » faire comme moi doit être épuisant ! J’ai longtemps cru que tout le monde était comme moi et était capable d’écrire des livres, de composer des chansons, de peindre, danser et de s’exprimer par les arts. Mais ça a été une grande claque (rires).
En fait je ne suis pas dans la norme et j’ai du mal à expliquer comment j’étire le temps pour faire tout cela. Je suis concentrée, c’est tout. Voici donc le seul conseil qui soit valable et qu’on m’a également transmis il y a presque 20 ans dans le cadre de la composition musicale : « Reste focus quoiqu’il arrive !
Concentre-toi sur ton propre projet sans écouter l’opinion ni l’avis des autres ». Au début je n’adhérais pas à cette vision de l’artiste qu’il soit écrivain ou musicien mais… j’ai vite remarqué que les gens qui ne créent pas eux-mêmes alors qu’ils le désireraient ont tendance à décourager ceux qui se situent dans l’Action.
C’est une déperdition d’énergie. Si je parle d’une des histoires que je suis entrain d’écrire à une amie elle me dira : « C’est trop imaginaire ! » et une autre « C’est trop réel ! ». Tous les sons de cloches existent !
Donc n’écoutez personne à part votre Soi, votre enfant intérieur, votre inspiration. Reconnectez-vous au Soi profond en réalisant vos rêves. Partez loin pour trouver votre sujet. Développez vos autres dons, pour le dessin intuitif par exemple. Pour moi, c’est le meilleur des conseils.
Depuis mon premier salon du livre en 2003, celui du Mans, j’ai remarqué que j’avais su trouver mon lectorat parmi des personnes différentes, atypiques, des personnes qui aiment vivre très différemment des autres et qui affirment leur originalité quoiqu’il arrive.
Certains se rêvent en artistes, d’autres vivent dans une yourte, certains sont auto-suffisants ou pratiquent le chamanisme. Et puis d’autres sont très classiques mais ont oublié le bon sens de base et sont ravis de le retrouver.
J’ai des lectrices en Australie ! L’une d’elles est une PR connue et parle de mon travail dans son propre livre. Elle a choisi l’une de mes œuvres (Les Lys blancs) comme sujet de son cours d’écriture.
J’en suis très fière ! Beaucoup de lecteurs m’écrivent chaque début d’année pour me confier leur projet, gardent le contact etc.
Votre actualité littéraire ?
Le Salon du Livre de Vichy le 29 mars 2025 au Palais des Congrès, un lieu d’exception. Il faut venir me voir ! J’y dédicacerai « L’été Gigi », nouvelle éditée chez Chloé des Lys, « Voyage en Self-Love » (guide de développement personnel) et « Là où, là-haut, tu m’aimes ! » (sur les rêves de visitation).
Il y aura aussi des dédicaces dans la région Auvergne, à venir (voir mon site celine-estelle.com). Je suis avant tout une maman et une épouse qui prend ses responsabilités à cœur…
J’ai un très fort sens du devoir. Je travaille sur une collection de dessins intuitifs et sur l’ouverture d’une boutique en ligne où il y aura mes livres, mes toiles et mes sculptures. Je travaille sur une méthode de dessin intuitif mêlant écriture et arts plastiques. Je travaille avec un artiste chilien sur une collaboration musicale. Les projets ne manquent pas. Le temps, si ! (rires).
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